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ment surprises de se voir produites au grand jour dans toute leur pudique nudité n’étaient guères de mise, quand vous parliez à un homme qui n’est guères poëtique dans ses idées ou ses habitudes, et pour qui le beau idéal se résume dans la prise de calomel et la lancette. Vous agiriez avec autant de tact en offrant des dragées à un léopard.

Vous auriez dû vous apercevoir que vous, avec votre poësie, et votre noble !! généreux !! franc !! droit !! incorruptible !! (textuel,) éminent, célèbre et discret ami avec sa prose d’emprunt que M. Jourdain lui même aurait qualifié de français de cuisine, vous étiez aux antipodes.

Il faut qu’il y ait chez vous une grande surabondance de sentimentalité, pour que vous l’ayiez ainsi gaspillée en pure perte. Votre cher Dr. a du se trouver tout aussi dépaysé au milieu de vos prétentieuses sensibleries qu’un bon vieil hermite entouré de jeunes et belles sylphides. Gardez, mon cher monsieur, gardez, s’il vous plait, ces sympathiques épanchements pour le tête-à-tête, et ne prodiguez pas ainsi à ceux qui n’ont jamais été faits pour les comprendre ces élans spontanés d’une exquise sensibilité nerveuse, qui sont l’apanage exclusif de la plus belle et de la plus précieuse moitié du genre humain. Le sentimentalisme est aux affaires ce que les raisonnements mathématiques seraient à l’amour.

Vous avez joint au manque de tact le manque d’à propos, et surtout vous avez commis