Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le souvenir que j’ai conservé de ces lettres, c’est qu’elles étaient très belles parce que si humaines, si palpitantes de vie et de vérité. L’auteur n’avait certes jamais songé à écrire des belles lettres ; elle avait simplement laissé parler son cœur, et voltiger son esprit autour de toutes ses confidences sincères, et son âme s’esquissait avec un tel relief que j’avais l’impression du visage penché sur le papier, j’entendais l’écho de sa gaieté et d’instinct je cherchais sur certaines pages la trace de ses larmes. Quand les lettres d’une inconnue vous émeuvent à ce point, c’est qu’elles sont un chef-d’œuvre, et ce chef-d’œuvre ne peut être fait qu’avec de la sincérité, de la simplicité et une spontanéité qui ne calcule pas ses effets.

On reproche aux femmes de nos jours de négliger la correspondance et de pratiquer couramment le style nègre sur des cartes postales qui ressemblent à des dépêches télégraphiques.

Si ce reproche est mérité, c’est grand dommage, car les femmes ont le don d’écrire des lettres jolies et amusantes. Les moins cultivées même ont de ces trouvailles de terme et de tournure qui évoquent une silhouette et font passer un sentiment par ses plus délicates nuances.

Celles-là, soyez-en sûres, ne s’appliquent pas à « bien faire une lettre », elles ne pensent qu’à communiquer leur pensée avec