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ce besoin d’unité et cherche à échapper à la loi gênante qui nous retiendrait dans l’ordre.

Ce « système » préconisé par le philosophe, ne serait-ce pas de mettre d’accord nos désirs et nos devoirs ?

Trop souvent nos désirs s’élancent vers l’inaccessible pendant que le devoir nous retient rudement en face des tâches ennuyeuses, et voilà déjà de quoi faire des journées bien lourdes à traîner jusqu’au soir.

Nous avons également un grand besoin d’harmonie, et quand des voix fausses s’élèvent en nous, les dissonances nous crispent l’âme. Il faudrait accorder toutes nos voix, et ne pas permettre à l’imagination, à la sentimentalité, à la lâcheté, de nuire à l’unisson sans laquelle nous ne faisons rien qui vaille.

Il y aurait aussi à ajouter au « système » la volonté de comprendre ce que nous faisons dans la vie et pourquoi nous le faisons. Quand les enfants étudient l’alphabet, ils goûtent un plaisir médiocre à nommer une M. ou une F. Ils ignorent à quoi servent ces distinctions, et même à quoi les lettres leur seront utiles.

Quand, en les unissant, ils découvrent les mots, c’est déjà un petit plaisir qui les conduit graduellement à la grande joie de lire. Quand notre âme ne voit dans le grand livre de la Vie que des petits faits, des actions détachées les unes des autres et qui ne signifient qu’un peu de joie, d’ennui ou de peine, elle s’ennuie profondément, car elle est