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réclama une romance promise, et j’avoue que je fus contrariée de la diversion qui rompait le charme exquis de notre recueillement.

C’est que je ne savais pas… Le murmure vague du prélude se précisa pour accompagner une voix pure comme un cristal, grave et douce, qui paraissait venir de ce passé mystérieux évoqué par la jeune fille frêle, dont l’ombre blanche se détachait sur le fond sombre du piano.

Et ce « Château du rêve » d’Augusta Holmes fut une réalité durant quelques minutes exquises.

« Dans un château d’autrefois,
Perdu dans les nues,
Perdu dans les bois,
Fleuri de fleurs inconnues,
Une princesse aux grands yeux,
Chante à sa fenêtre,
Sous les vagues cieux :
Mon Prince viendra,
Mon Prince viendra… peut-être !

Sous la gloire des vitraux,
Elle écrit un livre,
Où les vieux héros
Pourront combattre et revivre !
Sa robe est couleur de ciel,
Et de clair de lune,
Sa lèvre est de miel,
Tout bruit humain l’importune !