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XLIII

Vieilles lettres


Figurez-vous une longue malle étroite et basse, couverte de peau de bête non épilée mais bien usée : elle a de vieilles ferrures solides et une clef énorme qui fait rêver de trésors difficiles à garder.

Et ce sont des trésors, en effet, ces vieilles lettres jaunies dont un grand nombre sont centenaires. Et il y en a de ces lettres, le vieux coffre en est rempli. ! Lettres d’amis, de parents, voire même de bons serviteurs qui écrivent à la maîtresse au cours d’une absence. Ces dernières ne sont pas les moins curieuses : écrites d’après le son, les mots s’enfilent les uns aux autres ; il faut lire vite, vite : si on arrête pour respirer, c’est fini, on ne s’y retrouve plus, on a perdu la centaine.

Il y a d’amusantes lettres de vieilles demoiselles dont la mission semble être de tenir la famille au courant des nouvelles, et les familles sont grandes, les naissances nombreuses, les mariages aussi, et les plumes s’affilent et écrivent en grande écriture difficile à lire, parce que les s imitent les f, que c’est du vieux français, et qu’on a tant à dire qu’il faut bien se hâter afin de ne pas manquer l’occasion.

Ah ! les occasions, on les guette, allez, en 1804, lisez : « J’attends de vos nouvelles