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doux, s’étaient peu à peu rapprochés de la colonie française, comptant sur la protection des blancs contre les incursions iroquoises qui se multipliaient et jetaient la terreur dans l’île.

Au milieu des craintes et des soucis continuels, Jeanne, vaillante et douce, agrandissait son hôpital, fondait une école pour les petits sauvages, assistait les femmes des colons, soignait les bébés, car les colons se mariaient et les bers de bois-franc se multipliaient dans la jeune Ville-Marie. Des religieuses venues avec Marguerite Bourgeois s’étaient jointes à elles et le bien poussait de fortes racines dans l’île bénie de Dieu.

Autour du fabuleux berceau de la ville naissante, j’aime à évoquer ces jeunes mères qui s’empressaient et dépensaient les trésors de leurs âmes françaises et chrétiennes. Et Ville-Marie sortit de ses langes, commença à grandir, à progresser, et les jeunes mères devinrent vieilles et donnèrent leur place à d’autres qui continuèrent noblement l’œuvre commencée.

Et elles se succédèrent, ces gardiennes des foyers menacés, toujours fortes, actives et bonnes : elles donnaient simplement leur inépuisable réserve d’amour, leur grâce, leurs sourires, et pendant que les hommes peinaient, elles conservaient pour eux dans leur âme profonde et pure, la foi qui sauve, la foi qui élève. Elles nous l’ont transmise, n’oublions pas que nous la devons à ceux qui viennent après nous.