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ne à chanter quand eux-mêmes ne cherchent qu’à s’engourdir dans le froid qui les enserre.

C’est que les cœurs ont été faits pour ne jamais mourir et qu’ils ne peuvent pas comprendre qu’ils battront sans aimer. Ceux qui se résignent deviennent de pierre. Ils sont morts. Ceux qui se révoltent et que l’on écrase sous les pierres grises ne cessent pas de fredonner tout bas leur éternelle chanson ; elle monte, le jour, avec le parfum des fleurs, la nuit avec le tremblement des feuilles ; elle ne cessera jamais, puisque les cœurs vivants ne savent pas se taire et ne meurent pas.


XXXI

Aimer c’est avoir confiance


Le brouillard monte comme un grand voile de mousseline : nous aurons sûrement de la pluie, car l’air est lourd et les oiseaux rasent l’eau de leurs ailes légères ; aussi, nous sommes-nous hâtées de descendre au village renouveler les approvisionnements : on a bon appétit dans le nid ! — C’est vite fait, et nous voilà dans le sentier de raccourci, regrimpant notre montagne et admirant les montagnes alentour, sur lesquelles des morceaux de nuages paraissent être tombés du ciel par petits paquets floconneux si blancs, si fins, que le ciel en paraît de plus en plus obscur.