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LETTRES DE FADETTE

qui grandit, se développe et domine, enfin, au point de séparer le mari de la femme, le premier étant jaloux des succès d’avocat de la seconde. Dans notre pays, une rivalité de cette nature ne saurait se produire, — et pour cause, — mais n’y a-t-il pas des artistes, peintres ou musiciens, n’y a-t-il pas des professeurs, qui veulent être les seuls flambeaux qui brillent au foyer ? c’est de l’égoïsme masculin, c’est un sentiment mesquin, c’est tout ce que vous voulez, mais puisque ça existe, il faut en tenir compte et vous défier, Ô hommes supérieurs, des femmes supérieures !

Devrez-vous, alors, vous contenter d’une bonne ménagère ? L’exemple de quelques illustres parmi vous semble vous le conseiller… mais leur expérience vaut d’être étudiée avant que vous vous décidiez à vous choisir une femme dont le plus grand talent soit de surveiller le rôti et de repriser les chaussettes.

Une bonne servante est fort utile… dans la cuisine ! Mais l’homme supérieur ne vivant pas seulement de soupe, je doute fort qu’il se contente longtemps du bonheur qu’il trouvera dans un intérieur où il ne saura à qui parler sa langue.

Et que je dise en passant comme je les plains, celles que leurs grands hommes appellent des « bonnes femmes ! » D’ailleurs, je suis tentée de plaindre aussi les grands hommes eux-mêmes s’ils souffrent de leur choix