Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.
147
LETTRES DE FADETTE

il pleut des étoiles, mais aucun ange n’est visible. N’y aurait-il donc plus de Noëls pour moi ?

Un appel joyeux m’éveille : « Ô la paresseuse ! Elle dort ! L’arbre est splendide… viens voir ! » et tout bas : « Tu sais, il y a trois petits paquets pour toi ! »

Le rêve est effacé, et il y aura encore des Noëls pour FADETTE.


LXI

La bonté vivante


« J’ai vu disparaître la vieille année : elle s’était fait si jolie sous sa parure de frimas, si douce et si émue, que de toutes les forces de mon être j’ai voulu la retenir ; inexorable, elle a glissé dans le passé, en emportant de mon cœur, de ma vie, tant de choses précieuses qu’il me semble être au seuil de la nouvelle année avec des mains vides, sans but, désemparée, détachée, désintéressée de tout, comme une étrangère dans un pays qui lui déplaît. »

Je relève seulement ces lignes de la petite lettre bleue reçue dans l’agitation d’un départ ; mais je l’ai lue à tête reposée dans le train qui ne voulait plus arriver, et où il faisait si froid, que je comprenais toutes les lassitudes et tous les découragements. Oui, ma petite amie, il y a des heures où l’on se sent les mains vides, le cœur vide et la tête