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LETTRES DE FADETTE

timents mal définis et caressés les yeux fermés, de nos révoltes sourdes contre ceux qui veulent amener la réalité sous nos yeux, et mettre une barrière infranchissable entre notre faiblesse et ce qui la séduit.

Il vient une heure, où notre habitude d’excuser les défaillances des autres nous fait trouver les nôtres dignes d’indulgence et d’excuses, et où l’habitude de reculer ce qui gêne notre liberté devient une révolte ouverte contre les résistances de notre conscience.

Et je pense que voilà en quatre mots l’histoire des déchéances qui nous surprennent chez les femmes que nous avions crues si droites, si pures et si religieuses.

Elles ont été tout cela un peu vaguement ; leur foi floue, leurs principes élastiques, leurs sentiments mal définis étaient jetés pêle-mêle dans une âme faible qui ne voulait pas voir le fond des choses, et qui vivait dans l’illusion d’elle-même et des autres.

La réalité a toujours son heure, et à bien soigner les petites plantes, elles poussent de si solides racines que lorsqu’il s’agit de les arracher, elles emportent un morceau du cœur !

On entend souvent critiquer les personnes à principes fixes et qui refusent tous les compromis. — Une barre de fer, dit-on, elle n’a aucune largeur d’esprit et sa sévérité est exagérée !

Quoique les moralistes rigides et les cen-