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est celui où l’homme très intelligent est admiré par la femme qui peut se sentir son égale, en ce sens, qu’intellectuellement, elle sait l’apprécier, et que moralement, elle lui est supérieure par sa pureté, son courage et son désintéressement. Ce que vous paraissiez vouloir établir quand je me permis de rire un peu de vous, c’était la domination absolue et totale de l’homme sur la femme. Quand elle existe, la femme demeure toujours une enfant, une incapable et une irresponsable, et celui qui en souffre le plus est celui qui l’a désirée et voulue ainsi. Si cela vous amuse, bercez-vous dans la certitude de votre supériorité intellectuelle, dans l’illusion de votre raison qui déraisonne si souvent, dans le rêve de votre justice si facilement aveuglée, dites que la femme se laisse mener par le sentiment, mais ici, arrêtez une seconde, et voyez si le sentiment ne la mène pas plus noblement que la raison qui mène un grand nombre d’hommes ?


III

Le Sorcier


Quand nous étions petits et que l’on disait pour nous la formule magique : « Il était une fois », quel champ d’or s’ouvrait à nos yeux émerveillés ! Mais vous souvenez-vous ? Chacun de nous réclamait le conte qui le transportait dans le monde qu’il préférait. Pour