Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vous avez maintenant vingt-cinq, vingt-huit ans ? Vous demandez-vous quelquefois ce que pèsent toutes vos heures dans la balance du bon Dieu ?

N’avez-vous pas, par hasard, le sentiment d’avoir pris votre jeunesse, votre ardeur, votre activité, tous ces trésors dont il ne vous reste qu’une partie, et de les avoir versés dans le vide ? Indécise près du gouffre béant qui garde ce qu’on y jette, vous vous disposez à y précipiter encore des heures qui feront des jours, des jours qui feront des années. Et le temps passe ! Vous êtes un peu moins fraîche, un peu plus vieille, mais ni plus cultivée, ni meilleure qu’il y a huit ans. Vous vous en allez vers quoi ?

De toutes ces heures jetées follement, la liste, en haut, s’allonge… les jours vains et vides ne reviendront plus ! Au moins êtes-vous heureuse et satisfaite ? Laquelle d’entre vous, belles flâneuses, oserait me l’assurer ? Vous sentez bien, vaguement, que la Vie ne vous a pas été donnée pour l’effeuiller comme on effeuille les marguerites.

Continuerez-vous longtemps à tourbillonner sur place ? Mais, pensez un peu : ce qui était excusable dans la griserie de vos dix-huit ans, ivres de liberté et de plaisir, est sur le point de devenir ridicule. Des jeunes folles… passe encore, mais des vieilles folles ! Mais quoi faire ?

Cherchez bien, et là, à votre portée, vous trouverez à vivre une vie raisonnable et