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rons les voiles nécessaires à nos admirations, à nos estimes et à nos confiances. Ils sont si rares les êtres vrais et sincères jusqu’au fond, qui vivent ce qu’ils pensent et ce qu’ils croient ! Ceux qui se flattent d’être plus sincères que les autres et qui s’en vantent, sont si souvent ceux qui ne s’interrogent pas pour découvrir le pourquoi de leurs beaux gestes.

Derrière tant de charités admirables, de grands dévouements, d’affections à l’air fidèle, qu’y a-t-il souvent si ce n’est de la vanité, de l’intérêt et du mensonge ?

On va dans la vie agités, affairés, empressés, évitant ainsi de voir plus loin et plus profond que le dessus enjolivé et qui « paraît bien ».

Et tout à coup, quand il pleut, qu’on ne remue plus et que l’on n’est plus étourdie par les belles phrases, on voit, et d’autant plus nettement que c’est involontaire, que tous tant que nous sommes, nous nous payons de mots, et que, sans nous en douter, tant cela nous est naturel, nous mentons à la journée et à la vie longue !

Nous mentons aux autres en leur jouant la comédie, et à nous-mêmes en retissant sans cesse autour des seules choses vraies les voiles épais qui les rendent si vagues qu’elles disparaissent presque, pour nous permettre de vivre comme si elles n’existaient pas.

…Mais là-bas, c’est un peu de bleu qui troue le gris, et sans se montrer encore, le