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reux, je sais qu’il y a de fortes et de bonnes qualités chez l’un et chez l’autre.

Les belles choses de ce monde ne s’obtiennent pas sans effort : vivre en paix et heureux avec un autre, c’est très beau : ne nous étonnons pas si c’est un peu difficile ! Il y faut l’effort patient, le sacrifice de soi, la réflexion, la volonté constante d’être agréable à l’autre. Quelques êtres ont ce « don », mais comme pour le génie, ce sont des êtres exceptionnels. En général il faut apprendre l’art de vivre bien avec les autres ; on y arrive après l’avoir gagné, mais n’oublions pas que le résultat en vaut la peine puisque c’est notre bonheur qui s’assure avec celui de l’autre.

Je ne vous apprends rien, n’est-ce pas, en vous disant que pour s’entendre et vivre heureusement ensemble, il ne suffit pas de s’aimer, il faut se comprendre.

Comprendre un être humain, pénétrer le mystère de cette âme qui ne se connaît peut-être pas elle-même, n’allez pas croire que c’est tout simple ! Nous sommes aussi maladroits à nous exprimer qu’à deviner les autres ! Nous sommes à la merci du hasard, de nos nerfs, de nos intentions secrètes, et il est si rare que nous nous sentions assez en confiance pour parler en toute sincérité, qu’il n’est pas étonnant, étant donnée notre légèreté, que nous jugions inexactement et injustement ceux avec qui nous vivons. Dans ce cas, plus d’entente possible.