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emploie, ses coquetteries, sa vulgarité tapageuse, tout devient le sujet de discours vertueux, de leçons de morale et de protestations indignées…

Le personnage ne vaut pourtant pas la peine qu’on y attache tant d’importance ! Vous reconnaissez le type : c’est la petite écervelée, déhanchée, décolletée, déchaînée qui encombre nos boulevards : elle n’est ni bien méchante, ni bien dangereuse : elle est mal élevée, vulgaire, bruyante ; pour nos bonnes gens, elle incarne le monde et le mal. Elle ignore probablement qu’elle scandalise notre population et attire la pitié des gens sensés. Elle se croit un modèle d’élégance quand elle n’est qu’un échantillon de juvénile inconvenance. Pour elle, flirter est un jeu comme le tennis : elle n’a jamais cru possible de passer devant un groupe d’hommes sans leur faire de l’œil. Que n’entend-elle les réflexions qui la suivent !

Je regrette de dire que si ce type est unique à X., il se rencontre fréquemment dans les campagnes à la mode, et qu’il appartient plus souvent qu’on ne le croit à ce qu’on dénomme la « Bonne Société ». Je me demande si l’intérêt de la dite Bonne Société ne serait pas de faire visage de bois à ces petites folles qui sont en train de devenir des femmes légères… et pires !

Je ne saurais trop mettre les jeunes gens en garde contre ces flirts et toutes les flirts, qu’elles soient distinguées ou vulgaires. Tou-