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Un jour, le mari partit pour les Croisades et il emmena Claudins, le troubadour en question, et après quelque temps, Viola apprit que son mari était prisonnier. « Elle s’en fut sur une nef le chercher. Elle rencontra le vaisseau qui lui ramenait Thierri. Ils revinrent donc ensemble et Claudins avec eux, et ils furent assaillis par des pirates ».

Le baron se battit comme un lion, tua les pirates et sauva sa femme, tandis que le beau Claudins grimpait comme un chat au sommet d’un mât pour être à l’abri des coups. Ce jour-là Viola put juger le troubadour et aussi son mari !

Car les maris si calomniés gagnent quelquefois à être appréciés dans des circonstances où les troubadours font triste figure.

Et de nos jours comme au moyen-âge, la littérature, ou plutôt le roman, divise nombre de ménages qui s’entendraient à merveille, si, au lieu de vivre parmi les chimères, la femme s’occupait tout simplement à élever beaucoup de petits enfants.

Rien de tel pour sortir une femme des rangs des « Incomprises » et la faire rentrer dans l’armée des « Comprises » et qui comprennent la vie, leurs devoirs, et leur mari par-dessus le marché.

À propos des familles nombreuses, j’ai entendu une amusante boutade de femme : on citait la phrase d’une Française dont le fils était à la guerre et qui regrettait de n’avoir pas trois ou quatre fils à donner à la Fran-