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en vol d’insectes agités ; si j’essaie de les saisir elles m’échappent… et au bout de mon crayon qui tente de les fixer, je ne trouve qu’un désappointement.

Hélas, c’est à cela qu’aboutissent tant de nos désirs, tant de nos efforts, qu’à n’en regarder que leur résultat visible, on se découragerait d’agir et de travailler sans relâche.

Mes amis, tous nous les connaissons, ces jours tristes, où il nous semble que notre dépense d’énergie, d’amour et d’activité s’en va à l’insuccès, à la lente et inévitable destruction de tout. Mais ce n’est pas vrai, et cette tentation de tristesse découragée est dangereuse, et doit être repoussée. Nous devons nous forcer à croire que le désappointement n’est pas la fin de l’effort, il est l’obstacle qui retarde mais qui ne doit pas nous arrêter.

Arrêter, c’est lâche… c’est se coucher à mi-côte, dans la poussière du chemin ; c’est non seulement refuser d’avancer, mais encombrer la route de ceux qui montent en même temps que nous. Non, notre courage, c’est notre trésor précieux : tenons-le ferme quand tout va mal et que notre âme s’amollit : la bourrasque passera : il s’agit de ne pas s’avouer vaincus, de recréer l’espoir qui s’éteint, de ne pas cesser d’agir et de nous intéresser à tout, de vivre absolument comme si tout était bien ; et, sans révolte, sans faiblesse, d’attendre doucement que les choses s’arrangent… car elles finissent toujours