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absorbées par leurs plaisirs, moins réfléchies, et elles causent plutôt pour s’amuser ensemble que pour s’amuser aux dépens les unes des autres.

Mais dès qu’elles sont mariées, c’est une autre histoire !

Avez-vous observé que lorsqu’une femme s’en prend à une autre, elle vise d’abord la figure comme font les chats ; puis c’est la toilette : la jeune écervelée décrète que celle qu’elle débine dépense trop ou lésine pitoyablement ; puis elle entre dans le détail de la tenue de maison, de l’éducation des enfants, des relations familiales, et on jurerait à l’entendre, qu’elle a vécu avec ce ménage tant elle sait illustrer tous ses dires. Et la pauvre malheureuse peut s’estimer heureuse si la vilaine bavarde ne l’accuse pas de coquetteries et d’intrigues mystérieuses et coupables !

Cet après-midi, on a commencé au moins trois récits, tendant à révéler des petits scandales, et j’intervenais sans me lasser, pour ramener mes dames à « nos moutons », c’est-à-dire à notre société de charité. Ô ironie !

Dernièrement, je faisais remarquer à une de mes amies qu’elle devenait un peu méchante avec sa manie de critiquer et de condamner à l’aveuglette. — Mais je ne fais que répéter ce que tout le monde dit : — Mais, ma pauvre enfant, « tout le monde » dit peut-être une chose fausse ! Qu’une femme malveil-