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qu’à une intelligence large, il faut que la vie apparaisse variée, entière, humaine enfin, la vraie vie.

Or, c’est dans les livres presque uniquement que ces femmes dont je parle cultivent les sentiments et les idées : elles ne s’aperçoivent pas de l’écart qui se fait, très grand, entre leur conception idéale de la vie, des relations sociales, de l’éducation, et la réalité de ce qui se pratique dans leur pays et dans leur monde. La vérité leur arrive comme un choc, et leur surprise se change en indignation souvent justifiée, je l’admets, mais stérile, puisque, renfermées dans leur tour d’ivoire, elles ne savent que condamner et ne songent pas à réagir par leurs paroles ou, ce qui est infiniment plus efficace, par leur exemple.

Pour exercer toute son influence une femme doit vivre parmi les femmes, vivre dans leur vie et vivre de leur vie.

— Mais, m’objectent-elles, je ne puis endurer la niaiserie, la futilité, les mesquineries de la vie sociale.

— Je le comprends un peu, et je ne vous demande pas de devenir des mondaines, mais seulement de subir quelquefois ce qui vous ennuie, de ne pas vous désintéresser complètement de la vie ordinaire des gens ordinaires, de ne pas vivre à part, comme vous le faites, dans un dédain superbe qui ne vaut rien et ne rapporte pas davantage.

J’ai vu quelque part « qu’un peu de bana-