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Mais je ne vois pas de progrès dans la liberté sans limites conquise par les jeunes filles, avec ou sans l’assentiment des pauvres parents qui sont aussi étourdis que leurs enfants, ou que l’on berne à cœur que veux-tu !

« Mais nous ne faisons rien de mal, pourquoi nous juge-t-on si sévèrement ? » me disait, hier, une de ces jeunes affranchies.

Écoutez, ma belle enfant : vous ne faites rien de mal… vous, peut-être, et c’est miracle ! mais comment pouvez-vous m’assurer que tous ces beaux papillons jouant dans le feu ne s’y brûleront pas au moins les ailes ? Admettons que vous soyez toutes des anges de candeur et de pureté, savez-vous que vos allures, vos attitudes, votre ton, votre costume créent une impression malfaisante ? Car, il ne faut pas l’oublier : l’influence rayonnante du mal, ou si vous voulez, le scandale, ne vient pas toujours du mal même, mais aussi de tout ce qui en a l’apparence. Le Monde si large dans ses inspirations, si dur dans ses jugements classe et range parmi les femmes douteuses, toutes celles qui sont un peu libres d’allures, et bien des honnêtes femmes ont perdu leur réputation pour un flirt un peu audacieux.

De là vient l’autorité légitime des convenances qui vous paraissent puériles et inutiles et dont vous commencez par rire, avant de les mettre de côté comme étant surannées.