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Si ce coin est aménagé de façon à être un peu fermé, très intime, vous y entrez comme dans un petit temple où vous avez réuni vos dieux, et si on regarde bien, on y trouve des niches réservées à de toutes petites idoles : elles sont fragiles, simples, moins artistiques que les autres peu-être, mais si humaines, si semblables à vous-mêmes que vous les aimez, et que les feuilleter c’est un peu comme de déplier votre âme à vous et d’y lire couramment.

Les volumes de journal ou de correspondances sont faits, plus que les autres, pour vous donner ce sentiment d’intimité et d’affinité. Y a-t-il rien de plus charmant que de découvrir une âme dans toutes ses nuances quand elle se raconte elle-même, et surtout quand on la surprend dans ses tête-à-tête successifs avec ses différents amis ? On la voit se modifier, s’épanouir, se redresser, se donner, se reprendre ; on suit tous ses mouvements, on la sent vivre, et à travers elle, on devine l’autre, à certains traits on le voit, et on est ainsi si près de ces personnages, qu’il nous semble être de leurs amis et qu’ils vont se tourner vers nous pour nous expliquer leurs complications.

Ce plaisir très délicat de pénétrer le mystère d’une âme étrangère, est doublé pourtant dans la correspondance personnelle avec ses amis, pourvu qu’il y ait entre eux une véritable ouverture de cœur, de la simplicité et de l’affection. Très peu de femmes