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I

S’aimer soi-même


On nous a dit et répété bien souvent que nous nous aimions trop et nous l’avons cru. C’est pourtant une grande erreur, et notre tort, c’est, au contraire, de ne pas nous aimer suffisamment et assez bien. Dans notre égoïsme nous aimons notre paresse, nos aises, nos idées fausses, ce qui n’est pas du tout nous aimer.

Et pourtant le commandement divin, « aimez votre prochain comme vous-même », nous fait une loi de cet amour de nous-mêmes et nous le comprenons si peu que nous ignorons totalement son absence en nous.

Ces réflexions me sont venues, hier, en voyant nombre de gorges délicates exposées aux rudesses d’un grand vent du nord.

S’aimer, n’est-ce pas se vouloir du bien, souhaiter pour soi toutes les perfections physiques et morales, travailler à acquérir celles qui nous manquent et à conserver celles que nous possédons ?

Or, qui a le souci réel de rendre parfaits, — au moins d’une perfection relative, — son corps et son âme ?

Les femmes, malgré leur incontestable vanité, gâtent leur beauté à plaisir : elles brûlent et teignent leurs cheveux, elles ma-