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essayez donc de voir sa véritable physionomie, dégagez sa beauté bien plus profonde que vous ne le soupçonnez, et tirez d’elle tous les avantages possibles. Ne perdez pas votre gaieté et la joie de votre jeunesse à tendre les bras vers l’inconnu impossible ; développez normalement et harmonieusement vos qualités et vos aptitudes, utilisez le temps qui vous pèse et vivez pleinement votre vie présente. Demain, il est possible que vous soyez transportée sur un autre théâtre, une vie plus mouvementée vous attend peut-être ? Vous y serez bien préparée ; vous serez « vous » et non une quelconque qui n’a cherché qu’à imiter les autres. Et si vous devez vivre chez vous, vous contribuerez à embellir la petite ville que je continue à croire calomniée.


IV

Jours de neige


Ô les longues, longues journées, où la neige lente, infatigable, ne cesse de tomber et se pose comme un voile sur toutes les choses… et sur toutes les pensées. Est-ce de la tristesse qui pèse sur nos âmes ? Non, c’est pire, c’est de l’ennui : un ennui sans révolte qui endort le goût de la joie, qui paralyse la volonté, qui supprime tous les intérêts, et comme d’une main molle, détache les liens qui nous retiennent à la vie…