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Enfant-Dieu ; le Noël grisant des fiancés qui se sont embrassés sous le gui et qui attendent, impatients, l’éveil de l’année nouvelle qui les unira…

La joie de ces enfants et de ces amoureux est la seule joie sans ombre des Noëls de cette année ! Ils sont adorablement égoïstes et on leur pardonne ce bonheur fugitif qui leur fait oublier la guerre dévorante qui désole le monde !

Nous qui ne sommes ni des enfants, ni des fiancés, nous pensons constamment aux Noëls de là-bas qui seront vécus dans le feu et dans le sang !

Ô les pauvres petits, partis si bravement et qui ne reviendront pas ! C’est leur dernier Noël, et s’ils ne le savent pas, n’ont-ils pas près d’eux, les frôlant sans cesse, la mort qui les guette, qui les marque, et qui, en les attendant, prend leurs camarades et leurs amis ?

Ô les Noëls d’hôpital ! Ces blessés, ces mutilés, ces mourants, dans les lits blancs alignés si près les uns des autres. Leurs plaintes se confondent dans leurs rêves de fièvre, et la même vision de Noël les hante peut-être…

De très loin leur arrivent les carillons d’antan, et leurs yeux extasiés aperçoivent la maman, blanche et douce, qui les attend dans la salle du réveillon…

Ô les agonies de Noël sur les champs glacés, les enterrements hâtifs dans les trous