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emparer, et défendue par les ouvrières qui parvinrent à repousser l’ennemi.

Tous les ouvriers en état de se battre étaient partis pour la défense de Liège : il ne restait à la fabrique que des femmes et quelques vieillards.

Elles s’armèrent de fusils et de pistolets, et deux fois, repoussèrent les soldats allemands en tirant sur eux. Les munitions venant à manquer, elles s’organisèrent pour verser de l’eau bouillante sur les assaillants qui abandonnèrent la partie, perdant 200 hommes, morts ou blessés. Dans la « petite âme » de ces ouvrières se réveilla, devant le danger, ce courage qu’elles ne soupçonnaient pas elles-mêmes peut-être ?

Cette « petite âme », vous le comprenez comme moi, ce sont les réserves mystérieuses de vertus peu pratiquées, mais dont le germe est en nous, héritage d’ancêtres, résultat caché d’efforts méritoires, et si, dans le courant ordinaire de la vie, les « sept âmes » diverses, complexes et fantasques de la femme, font et défont les prévisions masculines et souvent les désappointent, dans cette dernière petite âme, les hommes trouvent au jour et à l’heure où ils en ont besoin, les trésors qui sauvent, les forces qui aident, tout ce qu’ils appellent quand ils n’en peuvent plus et qu’ils se réfugient dans notre faiblesse pour ne pas désespérer.

Ayons confiance dans cette petite âme