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dus au caractère et au tempérament des autres : ils ne se referont pas plus que nous ne nous refaisons nous-mêmes et nous devons avoir de l’indulgence pour ce qui nous déplaît chez eux mais dont ils ne sont pas pleinement responsables.

S’exercer dans la famille à avoir des égards pour tous, c’est faire plus pour le bonheur des siens que si nous leur donnions une fortune. On a toujours dit que les hommes sont plus égoïstes que nous, et il semble que, dans le détail de la vie, ils savent moins s’oublier que les femmes, mais qui niera qu’ils se dévouent autrement que nous, et parfois davantage, dans leur vie extérieure remplie de tant de tracas, d’inquiétudes, de travail ingrat ? Il est indéniable que beaucoup se font mourir pour procurer le bien-être à leur famille, et que parfois celle-ci ne semble pas se douter des sacrifices faits pour elle, et en abuser par son manque d’économie et ses exigences.

Je pense qu’on ne peut jamais trop prêcher aux femmes d’avoir des égards pour leur mari, leur père, leurs frères, afin de faire de la maison le lieu de repos dont la seule pensée soit rafraîchissante, au travers des ennuis quotidiens de ceux dont la vie extérieure est laborieuse et si souvent pénible.

Que de foyers, au contraire, sont une arène où des adversaires, qui se sont aimés, versent le sang de leur cœur à lutter avec orgueil et violence, et le triste résultat de