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tions qui se sentent instinctivement écrasés par un mérite supérieur savent rarement faire autre chose que se réfugier dans la haine et l’injure.

Telle était, dans le Sud, la tactique générale. Aucun journal, aucun auteur ne parlait de la Nouvelle-Angleterre sans employer les épithètes les plus outrageantes. Tous ces gens qui entre eux n’avaient à la main que le poignard ou le pistolet pour régler les moindres dissidences d’opinion n’avaient pas d’autre langage que celui de la halle et du carrefour à l’endroit de la société libre !

Et pourtant, en mainte occasion, l’esprit libéral du Nord s’était montré dans tout son éclat vis-à-vis du Sud. Dans les cas de catastrophes, de famines, d’épidémies, les souscriptions pleuvaient au Nord pour aider ceux qui souffraient au Sud. Il fallait bien alors avoir la décence de se taire au moins pendant quelque temps, mais ces intermittences de raison et de gratitude n’étaient jamais de longue durée et au moindre mot du plus obscur abolitionniste, la fureur folle reprenait de plus belle.

En 1855, quand la fièvre jaune sévit si cruellement à Portsmouth, (Virginie,) les