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EXAMEN PAR UN FAILLIBLE.

fond étonnement, et, il faut bien se résigner à vous le dire, du dégoût s’il est possible encore plus profond, qu’aura excité dans tous la lecture, si on pouvait la soutenir, ou plutôt le simple parcours de votre ouvrage.

Je ne prétends aucunement soutenir ici l’Honorable M. Dessaulles ; et sans vouloir juger personne, je déplore avec le clergé et tous les bons Catholiques de notre cher Canada, pays exceptionnel, et jusqu’ici si plein de foi, je déplore aussi vivement et amèrement qu’il est possible de le faire, l’introduction de l’esprit de rébellion contre l’Église, contre la foi, et toute tendance du philosophisme de l’École Voltairienne qui menacerait de s’y infiltrer et commencerait à gangrener notre jeunesse professionnelle. Je le déplore dis-je, et c’est justement ce qui afflige plus qu’il n’est en mon pouvoir de le dire, de voir qu’on fasse tout au monde, pour exaspérer au delà des limites du possible au lieu de les gagner, les esprits déjà soulevés et si profondément aigris, dont on semble ne travailler qu’à surexciter de plus en plus, les haines implacables.

Oh ! Monsieur, qu’il eut été à désirer que votre opuscule eut été écrit autrement, ou bien qu’il n’eût jamais vu le jour. La vérité n’y a rien gagné, et la cause de la Religion y perd en ce sens, que votre écrit la couvre autant qu’il est humainement possible, de ridicule. Enfin votre cause, — j’entends ce parti que vous figurez à Montréal, et qu’on doit très-justement appeler de ce nom, parti, attendu qu’il n’est nullement l’organe du sens catholique de la population en général, — votre parti y est plus que compromis.

Vous pensez avoir abattu M. Dessaulles ; vous avez tout l’air de le croire ; il serait sans doute à désirer qu’il eut été réfuté solidement, mais il n’a jamais été plus fort, plus en mesure de vous faire une guerre, que moins que jamais, vous ne pourriez repousser. Je ne dis pas seulement que vous avez dû mettre, par votre écrit, le dernier comble à son irritation, et rendu à tout jamais impossible aucun rapprochement de sa part, ni de la part de ceux qui sont avec lui, de tous les Canadiens qui font encore partie de l’Institut, et d’une multitude d’autres qui n’ont pu voir qu’avec la plus grande peine, la violence que vous avez mise dans votre pamphlet. Mais je dis que vous avez fourni un arsenal entier d’armes pour vous faire attaquer. Je serais bien surpris, si M. Dessaulles ne vous prend pas à partie pour vous faire condamner par les tribunaux et hoc apud infideles ! Et si, pour pièce d’accusation, il lui prenait fantaisie de lire ou faire lire en plein tribunal, le texte même de votre brochure, il serait impossible que le public, à presque chaque ligne, ne trépignât d’indignation, et n’en appelât à toute force, la condamnation.

Si jamais vous aviez pris à tâche de rendre M. Dessaulles intéressant et sa cause populaire, je crois que vous n’auriez pu