Page:Desrosiers - Les Opiniâtres, 1941.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
les opiniâtres

Mais dans leur enthousiasme, les jeunes gens ne le laissaient pas longtemps à l’écart. Ils s’approchaient pour lui demander son avis et lui communiquer leur admiration. David Hache saisissait d’abord les objets comme s’ils eussent été des morceaux de fer rougis au feu. Mais, artisan habile il s’échauffait vite devant la beauté de certaines choses. Son mutisme disparaissait. « Je ne ferais pas mieux », avouait-il. Il expliquait des détails de métier. Puis l’ardeur, la bonne humeur de Jacques et de Pierre se communiquaient à lui. Il se vit un jour bandant un grand arc algonquin. Jacques Hertel racontait aussi des choses intéressantes sur ses voyages dans le pays, les mœurs sauvages. Et quand il partait, tard dans la nuit, Le Fûté se joignait à Pierre pour l’accompagner au rivage, le regarder pousser d’un élan vigoureux le canot fragile qui se découpait vite en noir, là-bas, sur la pâleur du fleuve.