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ta bientôt, laissant quelques morts dans la forêt. Maison et dépendances achevaient de brûler. François, Koïncha, Paul étaient morts ; Ysabau était gravement blessée ; elle gisait dans la couche molle : la tête sur les genoux d’Yseult qui pleurait en gémissant : « Maman, maman ».

Ils transportèrent en ramasse les morts et les blessés jusqu’à la maison voisine. Les autres suivaient, marchant péniblement, la neige jusqu’aux genoux.

Quand les soldats s’éloignèrent en partie vers quatre heures du matin, Pierre demeura accablé. Il portait le faix des deuils, bien seul, car dans le lit reposait, immobile, très blanche, Ysabau du port de mer joli, Ysabau du grand fleuve et de la grande forêt.