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régularité et le nombre des factoreries et des voyageurs diminuera.

Le Bancroche renoue les négociations. À défaut de la part promise, Montour accepterait-il une promotion ? La Compagnie lui confierait un fort plus important ; elle lui accorderait une commission substantielle sur chaque peau, ou encore une partie des bénéfices.

Nicolas Montour refuse. Quelques jours passent, puis le Bancroche revient à la charge.

— Ton affaire est venue devant le Conseil hier… Elle n’a pas passé.

— Alors, vous me communiquez un refus ?

— Je le crains.

— Bien. Alors je ne signe pas d’autre engagement avec la Compagnie du Nord-Ouest.

Des éléments secrets, mal connus, dominent la transaction. La Compagnie du Nord-Ouest tenait bien Montour : un faux, commis autrefois peut-être, Turenne ne put jamais savoir avec exactitude. Montour s’était-il compromis à plaisir, sachant que les Bourgeoys n’élevaient que les employés sur lesquels ils avaient une mainmise complète. Mais, fin renard, il avait guetté. Et, paraît-il, durant ses années de service, il avait découvert des secrets bien dangereux, contre l’un des Bourgeoys ; de la Rocheblave lui avait fourni les dernières indications afin de lui permettre de se rallier aux Petits s’il en avait le désir.

Alors, si la Compagnie tentait de procéder contre Montour, celui-ci menaçait de procéder à son tour contre l’un des Associés les plus influents, et la menace était suffisante pour qu’on lui laissât la paix et qu’il rentrât en possession de sa liberté.

Ce mystère, personne ne put l’approfondir ; mais aux mines graves, quelquefois animées, quelquefois affolées des Associés, il était aisé de voir que Nicolas Montour avait trouvé le secret de les remuer.

Après avoir reçu l’avis du refus, Nicolas Montour ne faiblit

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