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IROQUOISIE

n’est pas au courant de la négociation. Il part immédiatement pour les Trois-Rivières ; et, exécutant une prompte volte-face, il se déclare opposé à cette guerre, et il en réprouve aussi vertement l’idée qu’il l’avait prônée auparavant.

Champlain ne peut quitter Québec tout de suite. Il envoie son beau-frère, Eustache Boullé, accompagné d’un interprète. Celui-ci part de Québec le 9 mai 1627. Il arrive aux Trois-Rivières après le Réconcilié. Quand celui-ci a prononcé son discours, nombre d’Algonquins avaient déjà quitté la traite ; ils étaient retournés en leur pays dans le dessein bien arrêté d’aller en guerre à l’insu des Français. C’est un fait d’importance capitale et dont les conséquences se développeront bientôt.

Eustache Boullé assiste à d’autres délibérations. L’unanimité est loin de régner dans le conseil. La moitié des sauvages présents sont favorables à la guerre, les autres à la paix. Enfin, les Algonquins décident de n’adopter aucune résolution définitive tant que les navires français ne seront pas arrivés, tant aussi que les Indiens ne seront pas présents en plus grand nombre au lieu de traite. C’est cette décision que Eustache Boullé communique à Champlain le 21 mai au moment de son retour à Québec.

Une vingtaine de jours plus tard, Émery de Caën, grand maître de la Compagnie, arrive de France. Champlain le met au courant de la question en délibération parmi les Indiens : il lui demande d’exercer son influence en faveur de la paix. De Caën part pour les Trois-Rivières.

Soudain, un incident déjoue toutes les mesures. Un Algonquin du nom de Mecabo ou Martin, ami des Français, a un gendre qui s’appelle Nepagabiscou, ou comme disent les traitants, Tricatin. Ce dernier se fait le capitaine d’un groupe de sept Algonquins, qui, malgré parents et amis, partent pour la petite guerre contre les Iroquois. Ces dissidents atteignent le lac Champlain, rencontrent un canot monté par trois Iroquois sans défiance et ils les capturent. L’un des prisonniers réussit à s’échapper ; les deux