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IROQUOISIE

lancé la coalition laurentienne dans la guerre sans même lui en donner avis ? N’est-ce pas lui qui a dirigé les négociations qui ont amené la paix actuelle ? Son œuvre, de plus, a été bienfaisante : les tribus voyagent librement sur le Saint-Laurent et ses tributaires, elles chassent partout sans courir de dangers. Veulent-elles vraiment retomber dans tous les dangers anciens ? Rompre le traité, pense Champlain, c’est malice pure. Puis Montagnais et Français ont fait la promesse solennelle de n’attaquer jamais plus les Iroquois sans que ceux-ci aient fourni au préalable des sujets de plainte et une raison sérieuse de dénoncer le traité.

Champlain suppute aussi sans doute les résultats immédiats des nouvelles hostilités : la navigation de nouveau entravée, la chasse restreinte, la quantité des fourrures diminuée.

Alors il s’élève hardiment contre les fauteurs de la guerre. Si ceux-ci persévèrent dans leur dessein, il les traitera comme des ennemis ; il ne veut plus les voir à Québec. Et partout où il rencontrera des Iroquois, il les assistera comme des amis, il leur fournira même son assistance contre les Mohicans. Il n’aura plus à l’avenir aucune relation avec le Réconcilié, si celui-ci ne renvoie pas les présents qu’il a reçus. Et il ne peut les garder et en même temps ne pas conduire ses hommes à la guerre.

Mahigan-Aticq est du même sentiment. Il conseille à Champlain de se rendre immédiatement aux Trois-Rivières pour assister au grand conseil qui décidera de la paix ou de la guerre. Il n’y a pas une minute à perdre puisque les Algonquins parlent d’exécuter immédiatement un raid en Iroquoisie. même avant de se joindre aux Hollandais. Lui, Mahigan-Aticq, il peut y exposer les idées de Champlain, mais les Algonquins n’ajouteront pas foi en ses paroles.

Champlain obtient l’assistance imprévue d’un autre capitaine algonquin. Un beau jour il voit arriver le Réconcilié lui-même. Il le reçoit avec froideur et il lui témoigne son déplaisir. L’autre affirme qu’il