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IROQUOISIE

années où Fort Nassau a existé. Il se conduit probablement dans des navires qui viennent à des dates incertaines. Le pays des Agniers, et, en conséquence, l’Iroquoisie, ne touche pas à l’Hudson. Une bande de terre de vingt-cinq lieues environ l’en sépare ; elle appartient comme le dit Van Rensselaer « à la libre, à la riche et à la célèbre nation des Mohicans, qui possède un langage propre »[1]. Il le sait bien, puisqu’il achètera en 1630 des parcelles de cette région et que ces faits seront consignés dans des contrats. Les Iroquois forment donc alors une tribu confinée dans l’intérieur.

Bien plus, en 1624, la guerre s’ouvre entre les Mohicans et les Agniers. Une amitié assez bonne existait entre les deux tribus ; mais un commis hollandais du nom de Van Krieckebeeck « engagea et entraîna ces mêmes Mohicans dans des guerres inutiles avec la belliqueuse nation des Agniers, leurs anciens amis et voisins »[2]. À cette époque, les Mohicans comptent environ 1,000 guerriers, soit environ deux fois plus que les Agniers. À partir de 1624, la guerre, qui semble avoir été peu favorable tout d’abord, à ces derniers, se continuera pendant plusieurs années. En 1623, des colons arrivent aussi en Nouvelle-Hollande avec l’instruction d’y habiter « et de faire le commerce, surtout en fourrures qui abondent dans ce pays ». Mais tout de suite, Van Rensselaer conçoit le projet de limiter la traite. Si elle est libre, plaide-t-il auprès des autres directeurs, le gibier à poil disparaîtra vite ; il arrivera trop de pelleteries sur le marché et les prix s’affaisseront. Afin d’assurer à la compagnie un revenu régulier et stable, Rensselaer argumente si bien auprès de ses collègues « que ceux-ci jugent qu’il est à propos de restreindre un peu la traite pendant un temps »[3].

Pendant la période 1620-24, les Iroquois encore confinés dans l’intérieur, trouvent le moyen de venir à l’Hudson pour la traite. La phrase suivante, écrite à la dernière des deux dates, par un Hollandais, Van Meteren, le prouve suffisamment : « Au moins cinquante lieues plus haut se trouvent également plu-

  1. Van Rensselar Bowier Manuscripts, p. 306.
  2. Idem, p. 306.
  3. Idem, p. 235.