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IROQUOISIE

Puis chacun court, armé de sa rondache, d’arcs et de flèches, de masses d’armes et d’épées fixées au bout de perches. Cinq Français, Champlain compris, demeurent en arrière ; ils sont moins agiles ; ils se perdent dans la forêt ; ils marchent une demi-lieue dans des terrains marécageux, de l’eau aux genoux ; leurs corselets de piquier les accablent, les maringouins les dévorent. Enfin, ils aperçoivent deux Indiens qui les guident, et bientôt un troisième qui était à leurs recherches et leur donne des nouvelles : les Algonquins et les Montagnais se sont portés à l’assaut, mais ils ont été repoussés. Quelques-uns des plus vaillants guerriers sont morts, d’autres sont blessés.

Ce guide est le grand capitaine des Algonquins. Enfin, après une autre marche de quelques minutes, s’entendent les hurlements du combat. Ils redoublent quand les blancs se montrent.

Champlain examine le terrain. Les Iroquois se sont construits sur le rivage un fortin à leur manière, c’est-à-dire une haute clôture circulaire de troncs d’arbres, bien agencés, bien liés les uns aux autres. Ils se sont retirés à l’intérieur et ils attendent l’attaque. Comment les forcer là-dedans ? Algonquins et Montagnais sont presque impuissants devant cette fortification ; excités, nerveux, indisciplinés, ils ont lancé un assaut qui leur a coûté cher. Et ainsi, les Iroquois, malgré leur défaite de l’an précédent, malgré la terreur des armes à feu, sont revenus sur le fleuve pour livrer bataille aux canots qui passeraient. À trois milles environ au-dessus de Sorel, ils ont occupé ce cap qui permet de surveiller la rivière.

Les Français tirent tout d’abord entre les troncs d’arbres. Leur feu n’est pas effectif. Ils ne voient pas l’ennemi. Celui-ci lance, « menu comme grêle », ses flèches armées de pointes de pierre ; l’une perce le bout de l’oreille de Champlain et lui pénètre dans le cou. Il l’arrache lui-même. L’un de ses compagnons est blessé au bras.

Le combat est mal engagé. Champlain l’arrête, pour lui donner une forme. Les Indiens, ses alliés, se couvriront de boucliers ; ils s’approcheront du