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IROQUOISIE

C’est alors que le chef de la délégation iroquoise se lève et dit avec emphase : « Onontio, tu as dissipé tous les nuages, l’air est serein, le ciel paraît à découvert, le soleil est brillant, je ne vois plus de trouble, la paix a tout mis dans le calme, mon cœur est en repos, je m’en vais bien content ».

Le conseil se termine ensuite sur quelques paroles de Montmagny qui exhorte tous ces peuples à la paix, à l’amitié, à la bonne foi. Il donne un grand banquet à plus de quatre cents convives. On dirait l’âge d’or revenu. On crie au miracle.

Et le 23 septembre a lieu le départ des ambassadeurs agniers. Deux Algonquins, deux Hurons, deux Français les accompagnent. Ils laissent trois Iroquois en Nouvelle-France. Malgré le traité, ce sont des otages qui répondent de la sécurité des premiers.


(1645)

La paix apporte grand soulagement à la Nouvelle-France aux abois. La population respire. Les missionnaires manifestent les premiers leur joie : « Que le Dieu des dieux soit béni à jamais, que son Nom soit glorieux dans toutes les contrées de la terre. Si ces barbares… ne troublent cette paix conclue pour les Français et bien avancée pour les sauvages, il y aura moyen d’aller souffrir pour Jésus-Christ dans un grand nombre de peuples «[1]. L’espérance d’évangéliser toutes les tribus indiennes, même les Iroquois, inspire ces hymnes. Marie de l’Incarnation n’est pas moins optimiste : « L’on peut maintenant porter sans crainte la lumière de l’Évangile dans toutes les nations de notre Amérique… ; car avant cela, nos pères, aussi bien que nos Français et nos Sauvages, étaient si resserrés qu’à peine pouvaient-ils aller à cent pas des habitations sans être en danger d’être pris »[2]. Voici ce qu’elle ajoute un peu plus loin : « Nous sommes à la veille de voir le royaume de Dieu s’étendre sur tous les peuples infidèles de notre Amérique ».

  1. Idem, 1645-35.
  2. Marie de l’incarnation, Écrits spirituels et historiques, v. 4, p. 46.