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IROQUOISIE

certains d’entre eux en ayant déjà obtenu des Anglais, payant pour chacun un prix aussi élevé que vingt castors, et pour une livre de poudre, un prix aussi élevé que dix à douze guilders, vinrent en plus grand nombre que d’habitude aux lieux où les gens étaient bien pourvus d’armes à feu, et ils les achetèrent bon prix, réalisant par la suite un gros bénéfice ; plus tard, ils en obtinrent quelques uns… pour leur propre défense… Les traiteurs de Hollande eurent vite vent de ce commerce, et de temps à autre, ils apportèrent de grandes quantités d’armes à feu, de façon que les Agniers, en un temps court, furent vus avec des armes à feu, de la poudre et du plomb à proportion. Quatre cents hommes armés surent comment utiliser cet avantage, particulièrement contre leurs ennemis habitant le long de la rivière du Canada, contre qui ils ont maintenant exécuté avec succès plusieurs raids fructueux, là auparavant ils ne remportaient que peu d’avantages ; et ceci fut également cause du respect inspiré aux Indiens qui les entourent ou habitant aussi loin que la rive de l’océan, Indiens qui doivent en général leur verser un tribut, tandis qu’autrefois, au contraire, c’est eux qui versaient le tribut à ces Indiens… »[1].

Ces lignes indiquent d’un dessein net le processus de l’expansion des Agniers. Au début, ils sont plus faibles que leurs voisins : ils doivent verser des tributs ; au Canada, ils subissent autant de défaites que de victoires. Puis les Anglais leur vendent quelques armes à feu. En second lieu, les habitants de Rensselaerswycks découvrent ce désir de posséder des mousquets, ils achètent tous les fusils qu’ils peuvent trouver pour les leur revendre ; enfin les traiteurs venus de Hollande sont mis au courant de ce trafic et importent de grosses quantités d’armes à feu ; les Agniers ont bientôt un corps de quatre cents guerriers armés à l’européenne ; les Indiens, leurs voisins, se laissent intimider, au lieu d’exiger un tribut, ils en versent un : et les Algonquins et Hurons du Canada subissent des défaites continuelles

  1. Narratives of New-Netherland, 274.