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IROIQUOISIE

on arriverait difficilement à cent cinquante, peut-être au plus deux cents victimes.

La lettre du père Georges D’Endemarre écrite le deux septembre au fort Richelieu, explique aussi le désarroi des Français devant cette « petite guerre » à laquelle ils ne savent comment faire face : « … Il est quasi impossible de faire faire ni la paix ni la guerre avec ces barbares ; point de paix, car la guerre est leur vie, leur plaisir et leur profit tout ensemble ; point de guerre, car ils se rendent invisibles à ceux qui les cherchent, et ne se rendent visibles que dans leur grand avantage ; allez les chercher dans leurs villages ils se retirent dans les bois, à moins que d’abattre toutes les forêts du pays, il est impossible de prendre ni arrêter les courses de ces voleurs. Cela est cause que nos habitations maintenant ne sont plus que des prisons, les rivières ne sont plus navigables qu’avec des armes, et dans les barques équipées de canons et de soldats. La pêche et la chasse (sont) interdites aux Français… à peine peut-on cueillir une salade en assurance dans un jardin, et pour aller faire quelque provision de bois, il faut mettre tout le monde en bataille et en garde… Nous sommes obligés de les craindre toujours. Si cette persécution dure, il faudra abandonner le pays ».[1]


(1645)

L’hiver s’écoule dans l’inaction. Blottis en leurs forts, les habitants n’osent bouger. Les Relations signalent le fait avec humour : « J’aimerais quasi autant être assiégé par des lutins que par des Iroquois, les uns ne sont guère plus visibles que les autres ; quand ils sont éloignés on les croit à nos portes, et lorsqu’ils se jettent sur leur proie, on s’imagine qu’ils sont en leur pays. Ceux qui ont habité dans les forêts de Richelieu et de Montréal ont été relevés et renfermés plus étroitement qu’aucuns religieux ni aucunes religieuses dans les plus I R O Q U O I S I E

  1. Couillard-Després, Histoire de Sorel, p. 31.