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CHAPITRE XVI


(1643)

L’expédition de guerre une fois ratée, les Indiens se dispersent. Ils doivent chasser pour vivre et s’exposer ainsi aux coups de l’ennemi : « Il vaut autant, disent-ils, mourir de la main ou du fer des Iroquois que d’une cruelle faim »[1]. Le 30 juillet, sept jeunes Algonquins, presque tous catholiques, poursuivent le gibier dans le voisinage de Montréal. Ils rencontrent deux canots iroquois. Le premier porte à lui seul douze guerriers et il les poursuit. Un missionnaire leur avait dit avec chaleur : « Si vous fuyez la mort, vous la trouverez ; si vous la cherchez, elle vous fuira ». Se remémorant cette parole, les Algonquins exécutent une volte-face hardie. Les Iroquois les saluent d’une douzaine de coups d’arquebuse ; ils percent un canot, ils blessent un Algonquin au pied. Mais les Algonquins avancent toujours avec rapidité et soudain ils « déchargent deux ou trois arquebuses qu’ils avaient »[2]. Ils blessent deux ennemis à mort ; les autres retraitent, se dirigent vers le rivage, atterrissent et s’enfuient dans la forêt. « Si ces jeunes Algonquins eussent eu de la poudre pour continuer et poursuivre davantage, ils eussent tué la plupart de la bande, mais nous avons toujours eu peur d’armer trop les Sauvages. Plût à Dieu que les Hollandais eussent fait de même, et ne nous eussent pas forcés à donner des armes même à nos Chrétiens : car jusques à présent on n’en a traité qu’à ceux-là »[3].

Deux semaines plus tard, le 15 août, vingt Algonquins se rendent à la chasse dans les alentours du

  1. RDJ, 1643-65.
  2. Idem, 1643-66.
  3. Idem, 1643-66.