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CHAPITRE II


(1603)

À peine levé sur la vallée du Saint-Laurent, le rideau retombe tout de suite. Mais non pas complètement. Dès son premier voyage, en 1534, Jacques Cartier a rencontré deux navires dans le Golfe. D’autres viennent après lui et remontent plus ou moins loin dans le fleuve. Mais leurs capitaines ne prennent la plume que pour apposer leur signature à des actes notariés, parfois. L’histoire enregistre à peine en courant leurs odyssées. Mais les négliger, c’est introduire un vide dans l’histoire du Canada ; le lien serait brisé entre les causes et leurs conséquences ; le fil des événements se perdrait.

Aussi faut-il relire sans cesse l’ouvrage de H. P. Biggar qui porte le titre suivant : the early trading compagnies of new-france, de même que certains passages des œuvres de Champlain. Après 1550, un nombre de navires difficile à déterminer, mais de plus en plus considérable, à mesure que les années se succèdent, envahissent le Golfe et le fleuve. Tadoussac devient un lieu de traite avant 1560. Basques, Normands, Bretons fréquentent ces parages pour la pêche, pour le troc des pelleteries. Ce dernier se développe si rapidement que vers 1588, des gens influents commencent à solliciter un monopole. Ce sont d’abord les neveux de Cartier, qui se disent engagés dans ce négoce depuis plusieurs années et qui ont, eux aussi, ramené en France des indigènes canadiens. Ils obtiennent les privilèges exclusifs qu’ils ont sollicités, mais pour les perdre aussi vite : les