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IROQUOISIE

Pour la première fois depuis 1610, ils reviennent en nombre au Saint-Laurent qui a été témoin de leurs sanglantes défaites. Ils ne sont pas mieux armés et ils s’aventurent tout près du poste des Trois-Rivières. Ils prennent un gros risque. Tout bien examiné leur expédition doit être classée en premier lieu dans la catégorie des raids ayant pour mobile principal le vol, le pillage des fourrures canadiennes et, en particulier, du convoi huron. Ils agissent comme des pirates de la pelleterie.

La demande se fait de plus en plus large à Fort Orange. Il y a longtemps que l’on a jeté par dessus bord les prudences du début. La Dutch est India Company possède toujours le monopole ; elle est à la veille de l’abandonner. Mais le puissant seigneur qui a fondé la colonie de Rensselaerswyck, tout autour de Fort Orange, et qui manœuvre depuis dix ans pour obtenir le droit de la traite, qui est à la veille de l’obtenir, a déjà adopté, en prévision de ce changement, une politique nouvelle. Il a commencé en 1636 à envoyer à ses mandataires des cargaisons entières de marchandises qui doivent être échangées pour des fourrures. Son domaine a des frontières communes avec le pays des Agniers.

Les armes à feu commencent à paraître. Les Abénaquis en ont apporté des provinces maritimes. Les premiers éclaireurs qui sont partis des Trois-Rivières pour reconnaître l’armée iroquoise, ont déclaré au retour qu’ils avaient entendu des coups de feu.

Enfin, les Agniers retournent en leur pays avec un butin précieux. Leur première expérience a réussi, elle invite à la récidive. Les Français se sont montrés plusieurs jours impuissants contre eux. Ils ont été incapables de les poursuivre et de les atteindre. Le plan d’intercepter le convoi huron est excellent. C’est le fait que Champlain avait prévu et qui lui avait donné de si fortes inquiétudes. Chassés du Saint-Laurent par lui, mais non détruits, les Iroquois reviennent, et dans des circonstances plus dangereuses ; en arrière d’eux se profile maintenant une nation