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CHAPITRE X


(1636)

Le 2 septembre 1636, les Jésuites de Huronie apprennent l’arrivée d’un prisonnier iroquois dans une bourgade. Des Hurons se sont avancés jusqu’au lac Ontario, ils y ont découvert vingt-cinq à trente Iroquois à la pêche. Si l’excitation ne les avait pas subitement saisis, ils auraient pu envelopper tout ce groupe d’ennemis, Onnontagués probablement. Mais ils se sont précipités sur les victimes et n’en ont capturé que huit. L’un est immédiatement mis à mort. Un second a été assommé, les autres ont été distribués entre les diverses bourgades huronnes.

Les Jésuites se rendent à Arontaen où doit arriver l’un de ceux-ci. Ils désirent le convertir. Celui-ci se présente bientôt, une robe de castor sur le dos, un collier de grains de nacre au col, un autre collier en forme de couronne sur la tête. Trente ou quarante Hurons l’escortent. La foule se porte au-devant de lui. Il doit s’asseoir à l’entrée du bourg et chanter. Il a déjà une main brisée, un doigt arraché ; d’un coup de hache, on lui a sectionné un pouce et un index ; on lui a brûlé un coude.

Les Hurons sont de race iroquoise. Ils manifestent dans les tortures qu’ils infligent la méthodique cruauté des Asiatiques. Au lieu de se ruer sur le prisonnier, ils l’accablent de mots d’amitié ; ils lui apportent force sagamité, citrouilles et fruits ; ils le régalent avec ingéniosité ; ils lui demandent de chanter, et l’Onnontagué chante avec vigueur bien qu’il ne soit plus jeune, comptant une cinquantaine d’années.