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IROQUOISIE

Cependant l’affaire reste en suspens ; elle ne peut être réglée de cette façon. La Huronie demeure en paix avec le pays des Tsonnontouans, mais en guerre avec tout le reste de l’Iroquoisie ; les Algonquins sont maintenant en guerre avec toute l’Iroquoisie. Et qui connait les Indiens sait que le massacre de vingt-trois personnes ne peut que conduire à des expéditions de vengeance.

Les Hurons conduisent une guérilla contre les tribus iroquoises qui les combattent encore. Au début de mai, un certain nombre de guerriers préparent une expédition ; ils passent près de deux nuits à chanter, à banqueter, à danser ; enfin ils partent, ils ne se rendent pas loin, ils campent et ils s’endorment d’un profond sommeil. Des Iroquois qui savaient leurs mouvements les attaquent, assomment douze d’entre eux ; les autres parviennent à fuir dans la forêt. Ce n’est pas la dernière fois que les guerriers hurons se laisseront surprendre de cette façon.

Au printemps le convoi de fourrures trouve le chemin bloqué à l’île des Allumettes. Le Borgne de l’île lui-même, le dictateur, est mort. Et comme disent les Indiens, son corps n’est pas caché, c’est-à-dire que son nom n’a pas été donné à une autre personne et que des présents n’ont pas été offerts aux parents. C’est le prétexte dont les insulaires se servent pour interdire le passage. Ils conseillent aux premiers canots de retourner en Huronie. Le Père Daniel suit de près avec le gros de la flottille. Il commence les négociations et pour les Hurons et pour les Nipissings. Les Hurons, qui sont de beaucoup les plus forts, ne veulent pas se servir de la force contre leurs alliés rébarbatifs.

Enfin, après bien des palabres, le laissez-passer est donné ; et les canots poursuivent leur route vers le Saint-Laurent où se tiennent déjà, depuis un certain temps, des conseils pour la guerre.

Le 4 mai, M. Gand, un colonial influent, part de Québec pour les Trois-Rivières. À son arrivée les sauvages demandent le privilège de lui exposer leurs besoins. Et ils le supplient d’obtenir des autres chefs français « qu’on leur donnât secours pour leurs