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IROQUOISIE

voisins, diminuera, de sorte qu’elles se trouveront bientôt en état d’infériorité parmi leurs ennemis. Si parmi ces peuples, quelques uns ont l’esprit clair et veulent survivre, quels combats ne livreront-ils pas pour se tenir à flot et subsister ?

Le problème n’est pas moins tragique pour certaines colonies. La Nouvelle-Hollande, la Nouvelle-France sont fondées en Amérique, plus que n’importe quelle autre colonie, sur le commerce des pelleteries Sans cet aliment, s’affaisseraient comme des ballons vidés de leur air chaud ou de leur gaz. Il leur en faut de prodigieuses quantités, coûte que coûte, sous peine de s’éteindre lentement et de mourir. Elles sont sur le même pied que les tribus indiennes, et pour les unes comme pour les autres, trouver ou non des fourrures est une question de vie ou de mort. Et c’est ainsi que se prépare une terrible lutte pour la vie qui déchirera pendant un siècle le nord-est du continent.


(1635)

La paix de 1634 entre Algonquins et Agniers-Onneyouts s’accompagne donc d’une exportation en Nouvelle-France des pelleteries iroquoises. Elle aura donc contre elle les Hollandais de Fort Orange qui veulent retenir ces fourrures en Nouvelle-Hollande. Le journal du chirurgien Bogaert le prouve assez. De plus, ces Hollandais veulent attirer chez eux les pelleteries canadiennes. Aussi sont-ils probablement au fond des événements qui vont suivre, qui demeurent en partie mystérieux mais qui ne s’expliquent que de cette façon.

Aux Trois-Rivières, le grand capitaine, Capitanal, est mort C’était un ami des Français. Son intelligence était sûre, ses talents remarquables. Un autre Algonquin, natif tout probablement de l’île des Allumettes, La Grenouille, acquiert ensuite de l’ascendant sur ses compatriotes. Au contraire de son prédécesseur, ses intentions ne sont pas droites : « … Ce méchant homme,