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IROQUOISIE

est suspendue ». Les sauvages chantent encore, les uns répondant aux autres : « Après une longue délibération, ils firent la paix pour quatre années, et bientôt après chacun retourna dans sa cabane »[1].

Les Hollandais assistent donc à la ratification du traité de paix entre les Onneyouts et les Algonquins. C’est probablement, quant à ces derniers, la fin des négociations entamées par l’intermédiaire du prisonnier des Trois-Rivières, au mois de novembre. Les Onneyouts ont acquiescé, non-seulement afin de chasser sans être harcelés par les Algonquins, mais pour avoir des prix plus élevés pour leurs fourrures. Et la période de la paix est même fixée à quatre ans.

La colère des Onneyouts a-t-elle pour seule cause une différence dans les prix ? Les Algonquins ou les Français n’ont-ils pas prononcé des paroles habiles pour les exciter contre les Hollandais ? On ne le sait. Mais les trois Hollandais ne sont pas plus rassurés qu’il ne faut. L’attitude des hommes semble menaçante ; les vivres accordés sont à peine suffisants. Ensuite, la situation s’améliore. Les Hollandais reçoivent des présents de peaux de castor. Mais leurs hôtes demandent qu’à l’avenir les facteurs leur donnent un meilleur prix pour leurs pelleteries ; ils spécifient même quelle quantité de grains de nacre ou d’étoffe ils veulent recevoir pour chaque peau de castor. Ils exposent leurs griefs : « … Ils devaient aller bien loin avec leurs fourrures ; et, très souvent, lorsqu’ils arrivaient en nos parages ils ne trouvaient ni étoffe, ni grains de nacre, ni haches, ni chaudières, ou bien ils n’en trouvaient pas assez pour eux tous, de sorte qu’ils s’étaient donné bien du trouble pour rien et qu’ils devaient revenir en rapportant de nouveau leurs marchandises sur une distance fort longue ».[2] Puis ils mettent les Hollandais au pied du mur : auront-ils ou non quatre « mains de grains de nacre » pour chaque peau de castor ? Le chef des Hollandais répond qu’il n’a pas qualité pour prendre des engagements ; il dressera un rapport pour le grand chef à Manhate ; il leur donnera une réponse, au printemps,

  1. Narratives of New-Netherland, p. 150.
  2. Idem, p. 151.