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IROQUOISIE

une enquête, savoir en particulier si les Indiens du Canada offrent un prix plus élevé et s’ils ont du succès.

Les Hollandais n’ont parmi eux aucun explorateur du genre de Champlain. Ils ne s’aventureront jamais que bien timidement hors de leurs palissades, et ne dépasseront pas le pays des Onneyouts. Boagert laisse une bonne description de cette partie orientale de l’Iroquoisie. Il parle des longues cabanes d’écorce, des forêts, des mœurs, de la topographie en général. En route, il apprend des Agniers qu’il y a actuellement des sauvages canadiens chez les Onneyouts : « Je lui demandai, dit l’auteur, s’il y avait là des Indiens français avec les Onneyouts. Il me répondit : oui, et je me sentis content et j’eus bon espoir d’en arriver à mes fins »[1].

Le 30 décembre 1634, les voyageurs atteignent la bourgade des Onneyouts, proche de l’emplacement actuel de la ville de Munnsville, dans le comté de Madison. Des montagnes élevées se montraient dans les environs ; une rivière, Oriskany Creek, y coule ; et dit l’auteur, « les sauvages me dirent que les Français venaient pour le commerce sur cette rivière »[2]. Les Hollandais tirent des coups de feu pour satisfaire la curiosité des naturels qui connaissent mal encore les armes des Européens.

Des conseils ont lieu. Un chef demande aux voyageurs quel est le motif de leur expédition ; il veut connaître immédiatement aussi quelle sorte de présents ils ont apportés. Ceux-ci répondent qu’ils sont simplement venus en visite et qu’ils n’ont pas apporté de présents. Le chef « dit alors que nous étions des vauriens parce que nous ne lui avions pas apporté de présents. Et il nous affirma que lorsque les Français étaient venus ici pour la traite avec six hommes, ils leur avaient donné de beaux présents ; ils avaient fait le commerce sur la rivière au mois d’août de la présente année. Nous vîmes de très bonnes haches pour couper le sous-bois, des chemises françaises, des gilets et des rasoirs ; et ce chef nous dit que nous étions des chenapans, des vauriens, parce que nous ne leur donnions pas un prix assez élevé pour leurs

  1. Narratives of New-Netherland, p. 144.
  2. Idem, p. 148.