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IROQUOISIE

parmi les Sauvages de notre connaissance, que je ne sais si aucun en a évité les atteintes. Tous ces pauvres gens en ont été fort incommodés… ». Le maïs et les autres récoltes sont en partie demeurés sur les champs ; puis un « grand nombre de personnes sont mortes ; il y en a encore à présent qui ne sont pas guéries ». En plus de la rougeole, la dysenterie a fait des ravages. Bref, les missionnaires parlent de « la maladie universelle de quasi tous les Sauvages… » et d’« Une si grande et si universelle contagion »[1].

La première épidémie frappe tous les peuples de la Coalition Laurentienne. Elle dura au-delà d’un an. Ni les uns ni les autres, les Français pas plus que les Indiens, ne savent se défendre contre ce fléau.

Mais l’année se termine mieux qu’elle n’a commencé. Dans l’ouest, ce sont les Tsonnontouans qui ont pris l’initiative des négociations de paix ; dans l’est, ce sera les Algonquins. Le 23 octobre 1634, une vingtaine de ces derniers reviennent de l’un de leurs raids en Iroquoisie avec un prisonnier agnier. Rassemblant leurs canots en ordre régulier, ramant en cadence, poussant leurs hululements ordinaires, ils se présentent aux Trois-Rivières. La foule les accueille avec des clameurs. Le captif est debout dans l’un des canots, il danse bien qu’il soit lié de trois cordes, il chante. Lorsqu’il saute sur le rivage, c’est l’exploitation de la haine héréditaire. Il est battu, maltraité, les Algonquins soutiennent que cet Agnier faisait partie de la troupe qui a tué trois Français l’an précédent. Ils ne lui évitent aucune torture, mais soudain, ils se ravisent. Pourquoi ne pas entamer des pourparlers de paix par l’entremise du prisonnier ? L’occasion est unique. Aussitôt dit, aussitôt fait. C’est un prompt revirement. Et « ces barbares ennuyés de la guerre, parlèrent à ce jeune prisonnier, qui est homme fort et d’une riche et haute taille, de faire la paix… »[2]. Des négociations s’engagent entre Agniers et Algonquins.

L’histoire manque de détails. Ainsi, il est probable que la paix existe déjà à ce moment entre les Hurons et les Tsonnontouans. Les missionnaires

  1. RDJ, 1635-32-40.
  2. Idem, 1635-15.