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IROQUOISIE

entre les Trois-Rivières et Québec. Plus loin commence le puissant pays d’Hochelaga.

La flottille atteint l’île d’Orléans. La scène s’anime. Des pêcheurs ont reconnu Don Agaya et Taignoagny : la vaste tribu accourt dans ses esquifs d’écorce fine, les chefs y prononcent des harangues en face des navires d’où les écoutent des équipages penchés au-dessus de l’eau.

Cette tribu qui entreprend des expéditions maritimes de six à sept cents milles, fréquente le Saint-Laurent inférieur, habite-t-elle seule le royaume de Canada ? Jacques Cartier dit qu’« il y a plusieurs peuples, par villages non clos »[1] Plus loin, il écrira aussi qu’avant le Cap Diamant, il « y a quatre peuples et demourances, savoir : Ajoaste, Starnatam, Tailla, qui est sur une montagne, et Sitadin »[2]. La cinquième bourgade est Stadaconé. Donacona en est le grand chef. Cartier mentionnera aussi Agona, un chef des environs. Après être revenu d’Hochelaga, il conversera en toute douceur et amitié, de même que ses compagnons, avec les tribus des alentours. Tous circuleront amicalement parmi elles. Les habitants de Stadaconé cessant de venir aux navires, la population de Sitadin continuera ses visites aux Français. Une carte dessinée après 1535 portera le nom de Sitadin. Radisson racontera qu’il y avait autrefois un village iroquois aux chutes Montmorency.

Don Agaya, Taignoagny, la tribu dont ils font partie, s’opposent au projet de voyage de Jacques Cartier à Hochelaga. Toujours, les tribus d’aval veulent garder pour elles les découvreurs et leurs largesses. En 1613, la même aventure arrivera à Champlain sur l’Outaouais. Les Français remontent le fleuve sans guides. Une forte population fourmille sur ses bords. « Pareillement, écrit Jacques Cartier, nous trouvâmes grand nombre de maisons sur la rive dudit fleuve, lesquelles sont habitées de gens qui font grande pêcherie de tous bons poissons, selon les saisons… »[3] C’est à Portneuf que se trouve « la demourance du peuple de Tequenonday et de Hochelay, lequel Tequenonday est sur une montagne, et l’autre

  1. H. P. Biggar — The voyages of Jacques Cartier, p. 194.
  2. Idem, p. 196.
  3. Idem p. 142.