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IROQUOISIE

de guerriers fourni par la coalition laurentienne et de se rendre à leur tête en Iroquoisie. Avec cette armée, il pourrait prendre une bourgade d’assaut, s’y fortifier, y subsister jusqu’à l’an prochain, les Iroquois ayant toujours d’abondantes réserves de maïs. Et qui sait si durant son séjour dans le pays, il ne pourrait imposer une paix stable à toutes ces tribus, et ainsi rendre à jamais libre la navigation sur les cours d’eau du Canada. Ce projet ne manque pas de bon sens, mais il aurait fallu le mettre en œuvre avec beaucoup d’allant, à la façon des conquistadors.

Erouachy, capitaine algonquin, a déjà fourni des renseignements à Champlain sur le meurtre des ambassadeurs. Il lui parle maintenant des Etchemins, qui semblent bien être les Abénaquis que l’histoire connaîtra mieux plus tard. Ils habitent à huit journées au sud de Québec. Ils cultivent la terre. Ils « désiraient faire une étroite amitié avec nous, nous priant de les secourir contre les Iroquois, perverse et méchante nation entre toutes celles qui étaient dans ce pays »[1]. Ils sont persuadés que les Français vont venger l’assassinat de Pierre Magnan « en détruisant ces peuples » ; ils désirent s’unir à eux dans ce dessein.

Voici une autre tribu, qui, située aujourd’hui à une immense distance de l’Iroquoisie, est aussi en guerre avec elle. Elle a probablement habité autrefois le lac Champlain, avec d’autres groupes algonquins elle a dû reculer vers l’est, mais en ne pardonnant jamais aux Iroquois. Champlain a rencontré déjà ces ennemis de la Confédération dans les provinces maritimes. Il est prêt à lier partie avec ces nouveaux alliés. Mais dans le moment, il est impuissant. « … Pour cette année je ne pouvais assister ces peuples en leurs guerres »[2]. Cependant si des navires arrivent à l’automne, il accordera l’assistance demandée. Il promet le secours d’une centaine d’hommes pour l’année 1629. Il donne des explications sur les machines de guerre à construire pour s’emparer des bourgades ; il songe à envoyer des Français, pour l’hiver, chez les Etchemins ; le printemps venu,

  1. Œuvres de Champlain, v. 5, p. 313.
  2. Idem, v. 5, p. 315.