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Prières sur la ville

Voici que la nuit choit sur la ville qui commence à prendre de vastes dimensions autour de la Ville-Marie première. Soudain, une ombre descend du reclusoir, passe par son entrée particulière, ouvre la porte du côté de l’Évangile, se dessine plus nettement sous la lampe du sanctuaire et s’agenouille en adoration. C’est peut-être une nuit d’été, c’est peut-être l’une de ces nuits d’hiver où le froid coule du nord dans sa pureté et son intensité. Personne autour d’elle. Jeanne prie une heure, parfois deux heures, dans l’infinité de la solitude qui s’est insinuée dans toutes les parties de la maison de Nazareth.

La métropole a gardé le souvenir saisissant de la recluse intercédant pour elle et expiant pour elle. Cette habitude, il paraît qu’elle l’avait prise, tout doucement, quand elle habitait la maison paternelle : elle se serait agenouillée devant sa fenêtre en regardant, de l’autre côté de la rue, la lampe qui ne s’endormait pas, dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu. Ici, maintenant,